En 2014, la ville de Saint-Brieuc établissait un plan de référence qui fixe comme enjeux de fabriquer les relations à la mer pour construire le quotidien maritime briochin en identifiant l’ensemble des lieux mettant en scène la relation visuelle et physique à la baie pour permettre sa valorisation et sa réappropriation par les briochins. S’il existe un lieu emblématique à Saint-Brieuc de ces enjeux, c’est bien la plage du Valais et sa « Cité Baby ». 

Une plage dans la baie où la pratique balnéaire a vu le jour et n’a jamais cessé ; un lieu où les briochins sont transportés dans un « ailleurs », le temps d’une promenade dominicale, où la ville s’efface devant l’immensité de la baie et de ses richesses naturelles, laissant place aussi au port, industriel, massif. A cette interface, les 110 cabanons de la Cité Baby, tantôt valorisés, tantôt menacés, comme une tentative d’articulation au milieu d’injonctions contradictoires, méritent notre attention. 

La ville s’est tournée vers le CAUE pour disposer d’un inventaire et d’un regard architectural. Nous avons tenté de décortiquer chaque construction, en fonction de son rapport à l’espace commun depuis lequel elle se laisse voir. Et bien que chaque parcelle, chaque cabane ne ressemble quasiment à aucune autre, nous avons tenté de catégoriser, d’identifier des éléments, des ensembles qui pourraient présenter une identité commune, spécifique, méritant d’être révélée. Un travail complexe dans ce lieu, où les interventions sont spontanées, où les règles ne sont pas écrites. 

Cette première approche s’est concentrée sur la géographie physique et sur le rapport entretenu entre espace privatisé et espace commun. Ce n’est évidemment qu’un regard posé en arrière-saison, forcément tronqué de tout ce que recèle le site en termes de lien social, avec ses pratiques estivales, son histoire. Elle a permis de qualifier et analyser ce lieu atypique qui questionne l’urbanisme normatif d’aujourd’hui.